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Niveau 3 et RIFAP

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La jeune américaine et le vieux français

C’est ma représentation, très personnelle de PADI et de la FFESSM.

La FFESSM compte environ 150 000 adhérents et 50 000 certifications annuelles, depuis près de 20 ans ce chiffre reste très stable, comment l’expliquer alors que PADI dans le même temps réalise plus de 900 000 certifications par an ! Il est clair que les politiques de développement de ces organisations sont singulièrement différentes.

Tous les plongeurs adhérants de ces 2 organisations connaissent intuitivement et de fait les différences entre celles-ci, passons sur le côté idéologique, débat fort usité. Mon questionnement naît surtout d’un souhait d’exercer en France comme à l’étranger et des différences flagrantes qui m’ont sauté aux yeux, comme une horrible vérité, et m’ont conduit à me demander : Dois-je consacrer une bonne année à me former en France à la dure dans les eaux froides et troubles, ou bien prend-je un billet pour l’Asie, l’Amérique, l’Afrique ou l’Océanie et exerce demain dans un club en bord de plage sous les tropiques ?

J’ai fait le choix de la première option.

Équivalences ?

Alors, c’est bien beau d’être PADI Dive Master en France mais ça ne vous offre aucune opportunité d’exercer dans le cadre professionnel. En effet, il n’y a ce jour qu’une reconnaissance partielle offrant quelques équivalences de niveau sous conditions, ainsi un Open Water peut donner une équivalence Niveau 1, un Advanced au niveau 2 et un Rescue au Niveau 3 et inversement… Basta… Rien de plus, rien de moins. Le niveau Dive Master, premier échelon professionnel PADI n’existe tout simplement pas pour la FFESSM.

Donc à ceux qui souhaitent valider des équivalences, voici le document officiel, la Convention PADI-FFESSM datant du 8 juillet 2002, soit il y a 11 ans !! Autant dire, sans chercher trop loin, que la philosophie et la vision de la FFESSM et de PADI sont encore bien distantes et ont conduit à un statu quo depuis de (trop) nombreuses années. Il y a pourtant du bon chez les deux, en prenant le côté plongée loisir/récréatif de PADI, la plongée ouverte à tous et FUN, souvent critiquée pour son côté ultra mercantile, et la rigueur de la FFESSM, sont côté très technique, mais restrictif par son manque d’ouverture, son côté élitiste et rigide, les méthodes à la dure, le côté Lord of War.

OrganigrammePADICes 2 organisations s’opposent également dans leur système de formation, pour PADI, le niveau DiveMaster, premier niveau professionnel peut être atteint en quelques semaines, disons en moyenne 2 mois, ce qui est relativement court mais de l’ensemble des Divemaster PADI que j’ai rencontré aucun ne m’a jamais fait me sentir mal à l’aise ou formé à la va vite loin s’en faut. Les outils pédagogiques, les standards mis en place, la méthodologie systématisée contribuent au fort développement de PADI et donne rapidement aux plongeurs le sentiment d’appartenance à un groupe avec une forte identité. Certes, PADI donne parfois le sentiment de vendre des produits continuellement, mais les livres, DVD, les diverses ‘Slates’, les outils dématérialisés, les packages de formations sont forts bien aboutis. En plongeant à travers le monde, il est d’un confort inestimable de constater qu’un DiveMaster en Tanzanie, un instructeur au Honduras, un Club au Mexique respectent des règles identiques et ont intégrés ce côté ludique, récréatif et fun de la plongée.

Avec la FFESSM exercer en tant que professionnel relève du parcours du combattant et se réalise dans la durée.

niveaux-ffessmCela s’observe souvent dès le premier Niveau 1 engagé. La FFESSM met très peu d’outils pédagogiques à disposition des associations et professionnels pour former les futurs plongeurs et ne parlons pas des standards, car hormis les manuels de formation technique forts austères, pas grand chose. Je passe sur le fascicule RIFAP que j’ai récemment découvert illustré de magnifiques photos issues des années 80, un petit scan pour vous montrer que ce n’est pas du pipeau.

Ensuite je vous passe les approches militaires des premières plongées, le côté marche ou crève, où il est nécessaire de faire ses preuves « Hé mec, c’est ta première vraie fosse, t’as jamais plongé, c’est pas grave, donc tu vas commencer par vider ta stab, tu la jettes, elle va couler entre 3 et 5 mètres, tu vas sauter sans ton masque, tu récupères ton détendeur sous l’eau, tu t’équipes, et tu mets ton masque à la fin. Compris !?? Non !? c’est que la pongée c’est pas pour toi, allez vas-y saute !! » . Les 2/3 se plantent, ensuite viennent les examens théoriques de niveau bac où la plupart se loupent, pour certains pour la 3ème fois, condamnés à rester niveau 1. Puis vient le moment de s’équiper si tu veux continuer, tu n’as pas la bourse assez pleine, passe ton chemin, oublie la plongée, ça te ruinera. Motivant non ? Résultat ? En 2006 (dernière année où les chiffres ont été mis à disposition par la FFESSM) le taux de perdition entre le niveau 1 et 2 est de 62 %. Ce qui signifie que seul 1 individu sur 3 passant le niveau 1 passera ensuite le niveau 2… Quel gâchis !

Je ne suis malheureusement pas dans le cliché, alors que tous ces aspects pourraient s’estomper rapidement avec un gros travail en amont pour l’outillage pédagogique, beaucoup de pédagogie et une dose de fraîcheur et de renouveau…

Donc pour exercer en France, j’ai pris la décision de continuer à me former, et de valider le Niveau 3 et le RIFAP (Réaction et Intervention Face à un Accident de Plongée) afin d’envisager ensuite le DEJEPS, le Diplôme d’Etat mention Plongeur subaquatique, le fameux Saint Graal de la plongée en France.

Au Bord de la Terre

DSC_2195Pour valider l’équivalence Rescue-Niveau 3, j’ai fait le choix de passer quelques jours avec le club de plongée Au Bord de la Terre, situé à Plouhinec dans le Morbihan, au cœur de la Ria d’Etel. Un club à l’ambiance familiale porté par un personnage au grand cœur, Jérôme. Plusieurs jours ensoleillés, rythmés par des plongées, des repas festifs, dans la détente. Ci-dessous une vidéo d’une plongée sur épave gisant par 26 mètres de fonds, le Guido Mohring, un patrouilleur allemand dézingué en 1941.

L’association Handibulle

Par ailleurs, Jérôme est à l’initiative de l’association Handibulle, qui ouvre la plongée aux personnes en situation de handicap, quel qu’il soit (physique, mental, social) de s’initier et de se former à la pratique de la plongée sous-marine (handiplongée), ainsi que des promenades en bateau au moyen d’une embarcation nautique spécifique, accessible notamment pour les personnes en fauteuil roulant. Superbe initiative mise en lumière récemment par les caméras de BFM TV.